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Dynamique des populations de lièvres et de petits mammifères du sud-est de la forêt boréale nord-américaine en regard de l'exploitation des forêts et des animaux à fourrure

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Etcheverry, Pierre (2004). Dynamique des populations de lièvres et de petits mammifères du sud-est de la forêt boréale nord-américaine en regard de l'exploitation des forêts et des animaux à fourrure. Thèse. Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski, Département de biologie, chimie et géographie, 166 p.

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Résumé

Les mécanismes qui déterminent la dynamique des populations de lièvres et de petits
mammifères sont encore mal définis, en particulier dans la zone de transition entre les
forêts boréales et tempérées nord-américaines, où peu d'études ont été menées. Au sud du
Québec, ces milieux sont soumis au piégeage des animaux à fourrure ainsi qu'à une intense
exploitation de la matière ligneuse, deux types d'activités anthropiques dont l'influence sur
la chaîne trophique des petits mammifères reste également mal connue.
Les objectifs de cette étude ont été de décrire la dynamique des populations de lièvres
et de petits mammifères au sud-est du Québec et d'évaluer l'importance de la prédation dans
cette dynamique. Nous voulions tester certaines prédictions découlant de l'hypothèse selon
laquelle, dans ces milieux, l'ensemble des prédateurs régulariserait les populations de
lièvres et de petits mammifères et les maintiendrait à faibles densités. Nous souhaitions
également analyser leur réponse face au piégeage récréatif ou commercial des carnivores,
en partant de l'idée que le piégeage des animaux à fourrure affecterait négativement
l'abondance de l'ensemble des espèces exploitées et, qu'en conséquence, les densités et la
survie des proies augmenteraient. Finalement, l'habitat des lièvres et des petits mammifères
pouvant être grandement affecté par la coupe forestière, nous souhaitions étudier la
dynamique des populations de ces espèces face aux perturbations de leur couvert protecteur
engendrées par les pratiques forestières en vigueur dans cette région.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons utilisé deux territoires potentiellement
différents au niveau de l'abondance des prédateurs terrestres, le piégeage des animaux à
fourrure étant autorisé dans l'un et interdit dans l'autre. Chacun de ces territoires était
également géré pour la production du bois à l'aide de techniques telles que la CPRS (coupe
avec protection de la régénération et des sols) ou l'ÉPC (éclaircie précommerciale). Ce
dispositif a permis de mener une expérience dans laquelle le piégeage des animaux à
fourrure fut considéré comme un moyen de contrôler l'abondance des prédateurs terrestres,
alors que la CPRS et l'ÉPC ont été perçues comme des causes potentielles de dégradation
du couvert protecteur des proies.
À l'intérieur des différents types d'habitats rencontrés dans les deux territoires, nous
avons estimé l'abondance relative des prédateurs aériens et terrestres, ainsi que l'abondance
et la survie des petits mammifères, incluant le lièvre pour lequel des précisions sur les
causes de mortalité ont été obtenues. Enfin, nous avons mesuré les caractéristiques de la
végétation dans chaque type d'habitat, afin d'estimer l'impact des CPRS et des ÉPC sur ces
habitats et de faire un lien entre l'abondance des espèces proies et les caractéristiques des
milieux qu'elles occupaient. Ces travaux ont fait intervenir des techniques de provocation
vocale de prédateurs aériens, de pistage hivernal de prédateurs terrestres, de capturemarquage-
recapture (CMR) de lièvres et de petits mammifères, de suivi télémétrique, et
d'inventaire de végétation.
Nos indices d'abondance de prédateurs suggèrent que les lièvres aient fait face à une
pression de prédation plus faible dans le territoire piégé que dans le territoire non piégé,
alors que les petits mammifères auraient probablement subi une pression de prédation
davantage comparable entre les deux temtOI res. Nous avons également observé que les
densités de lièvres et de petits mammifères sont restées relativement stables (non cycliques)
et faibles durant cinq années. De plus, la prédation fut la principale cause de mortalité des
lièvres adultes. La densité des lièvres fut deux fois plus élevée dans le territoire piégé que
dans l'autre. Quant au recrutement des jeunes lièvres, il fut plus élevé dans le territoire
piégé, alors que le taux de gestation a été similaire entre les deux territoires. Par contre,
nous n' avons détecté aucune variation de densité ou de survie chez les petits mammifères.
Ceci suggère que le piégeage des animaux à fourrure ait eu partiellement l'effet escompté.
La survie des levrauts pourrait avoir été plus élevée en présence du contrôle de la prédation
qu'en son absence, ce qui pourrait expliquer la différence de densité observée chez les
lièvres des deux territoires. Nos résultats abondent donc dans le sens d'une régularisation
des populations de proies par la prédation. Cependant, ils indiquent que les liens trophiques
sont probablement plus complexes que nous pouvions le suspecter.
Les densités et la survie des lièvres et des petits mammifères ont répondu en
conformité avec nos estimations de la pression de prédation. Ainsi , l'idée que le piégeage
des animaux à fourrure puisse affecter négativement l'ensemble des espèces exploitées et,
qu'en conséquence, les densités et la survie des proies auraient augmenté, s'est donc avérée
trop simpliste. Le piégeage étant plus intense sur les carnivores de plus grandes tailles, il
pourrait avoir provoqué un relâchement de la pression de prédation intra-guilde, à
l'avantage des plus petits mustélidés qui semblent avoir exprimé une réponse numérique
positive dans le territoire piégé. Ainsi, le piégeage des animaux à fourrure pourrait entraîner
une altération des relations interspécifiques et causer des effets en cascade le long de la
chaîne trophique sans pour autant que la dynamique des populations de certaines proies en
soit grandement modifiée.
L'analyse des caractéristiques de la végétation indique que la CPRS a affecté les
peuplements forestiers en diminuant la complexité structurelle de la canopée, et en
augmentant celle du sous-étage végétal. Par la suite, l'ÉPC est venue réduire la complexité
structurelle du sous-étage. Ces techniques ont donc considérablement modifié le couvert
protecteur des proies. La réponse globale des lièvres et des petits mammifères en terme
d'abondance relative et de richesse spécifique indique que durant les 10 ans qui suivent le
traitement, l'ÉPC a vraisemblablement eu un effet plus négatif que les CPRS sur chacune
des espèces étudiées. Suite à la CPRS, l'abondance estivale et le nombre d'espèces de petits
mammifères se sont maintenus à des niveaux au moins comparables à ceux qui ont été
observés dans les peuplements fermés. Les CPRS et les ÉPC pourraient donc avoir des
impacts distincts sur la dynamique des proies, dus à leurs effets différents sur la
disponibilité des refuges antiprédation.
Suite à ces résultats, les gestionnaires oeuvrant au sud de la forêt boréale nordaméricaine
devraient tenir compte de la possibilité d'une absence de cycle dans les
populations de lièvres et de petits mammifères et du fait que la dynamique de ces espèces
pourrait varier en fonction du risque de prédation associé à chaque type d'habitat. Ils
devraient également intégrer le concept des interactions trophiques directes et indirectes
dans la gestion des écosystèmes afin de pouvoir agir efficacement en évitant les réponses
inattendues de la part de certaines de leurs composantes. Dans un soucis de conservation
des populations de ces espèces ainsi que des processus écologiques qui en sont dépendants,
nous pensons qu'au lieu de pratiquer l'ÉPC sur l'ensemble des peuplements susceptibles de
subir ce traitement, il serait préférable de prévoir un délai dans le traitement de
peuplements contigus, d'exclure certaines parcelles riches en gaulis, ou même de protéger
certaines essences végétales pouvant offrir un bon couvert protecteur pour les proies.
Notre étude suggère que les interactions directes et indirectes existant entre les
éléments d'un niveau trophique, ainsi qu'entre les niveaux trophiques eux mêmes, soient
nombreuses et complexes, à cause de la diversité des espèces impliquées dans l'ensemble
du réseau. Elle suggère également que l'écosystème puisse être relativement résiliant face à
des perturbations d'origine anthropique comme les coupes et le piégeage des animaux à
fourrure.

Type de document : Thèse ou mémoire de l'UQAR (Thèse)
Directeur(trice) de mémoire/thèse : Crête, Michel et Ouellet, Jean-Pierre
Information complémentaire : Thèse présentée à l'Université du Québec à Rimouski comme exigence partielle du programme de doctorat en sciences de l'environnement. Parait aussi en éd. imprimée.
Mots-clés : Lievre Lepus Americanus Mammifere Petit Dynamique Population Foret Boreal Exploitation Recolte Predation Piegeage Habitat Coupe Forestier
Départements et unités départementales : Département de biologie, chimie et géographie > Biologie
Déposé par : DIUQAR UQAR
Date de dépôt : 10 févr. 2011 15:56
Dernière modification : 10 févr. 2011 15:56
URI : https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/71

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