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La forêt quécécoise en discours dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires

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Flamand-Hubert, Maude (2017). La forêt quécécoise en discours dans la première moitié du XXe siècle : représentations politiques et littéraires. Thèse. Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski, Département sociétés, territoires et développement, 557 p.

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Résumé

RÉSUMÉ: Des années 1970 jusqu’aux années 2000, divers travaux ont soulevé l’absence voire le rejet de la forêt dans l’imaginaire collectif québécois au profit d’une idéologie clérico-nationaliste centrée sur la terre et l’agriculturisme. Or, les débats sur la déforestation et la réforme des politiques forestières qui ont investi l’espace public au tournant du XXIe siècle ont propulsé vers l’avant-plan l’enjeu des représentations, et notamment l’importance des référents historiques comme lieu commun identitaire. Le lien identitaire des Québécois à la forêt prendrait forme dans un passé rythmé par l’exploitation des forêts et une vie quotidienne façonnée au contact de cette ressource. La société québécoise pourrait même se définir comme un « peuple forestier ». Notre thèse fait la démonstration que ces référents identitaires à la forêt reposent sur la cristallisation de représentations qui ont pris forme et se sont diffusées dans la première moitié du XXe siècle. Afin de mieux comprendre ces représentations et leur mise en discours, nous nous sommes appuyée sur une définition des représentations qui posent celles-ci comme le résultat d’un processus de subjectivation et d’interprétation du monde, sur lesquels s’appuient les acteurs pour se définir et revendiquer leur identité. La forêt devient un lieu à partir duquel il est possible d’observer les luttes que se livrent les agents individuels et collectifs pour s’approprier le territoire, se définir, mais également pour définir la société.
Les représentations sont à la fois des référents et des instruments de médiation des rapports sociaux à la forêt. De façon plus spécifique, nous avons étudié les représentations scientifiques, économiques et culturelles de la forêt québécoise véhiculées par les élites dans l’espace public. Le corpus des sources est constitué de documents législatifs, d’œuvres littéraires et de la presse écrite. La superposition de ces trois types de documents permet de poser un regard multidimensionnel sur la forêt et d’observer les processus par lesquels la société québécoise s’est approprié l’objet forestier. Le récit qui s’en dégage se divise en trois temps, qui correspondent à autant de moments charnières dans les politiques forestières : 1905-1906, avec la création du ministère des Terres et Forêts (MTF); 1921-1922, avec l’adoption d’une première loi incluant des règlements soutenant la réalisation d’inventaires forestiers et l’aménagement des forêts; et 1937-1938, qui marque la fin d’une époque par le départ de Gustave-Clodimir Piché, le chef du Service forestier depuis sa création. En posant notre attention sur ces trois événements, une trame se dessine qui permet de saisir les enjeux autour desquels prennent forme les référents à la forêt et leur mise en discours : l’exploration du territoire, la classification et la séparation des terres entre les domaines forestier et agricole, et l’intention de réaliser un aménagement rationnel des forêts. En filigrane, on assiste au délicat travail d’adaptation des principes de la foresterie scientifique européenne et du mouvement conservationniste américain à la réalité québécoise, conduisant à la construction d’une vision que l’on peut qualifier de « pichéiste » de la forêt québécoise.
À cette chronologie politico-administrative se juxtapose celle des œuvres littéraires, qui recèle ses propres caractéristiques influencées par les transformations de l’environnement culturel et littéraire. À la fin du XIXe siècle, la forêt se fait rare dans les œuvres littéraires, sinon pour vanter la vie du colon-défricheur ou folkloriser les figures du coureur des bois et du bûcheron. Entre 1900 et 1930, quelques écrivains vont timidement intégrer les principaux enjeux qui accompagnent le développement de l’exploitation forestière : l’industrialisation, l’essor des sciences, l’émergence des sensibilités à la nature. De 1930 à 1945, on assiste à une émancipation de la forêt dans les œuvres littéraires. La présence de la forêt ne se calcule pas tant à la quantité des œuvres dans lesquelles elle apparaît, mais par la qualité et la diversité des réalités forestières qu’elles dévoilent. Ces œuvres mettent en discours le caractère collectif et multidimensionnel de l’appropriation symbolique de la forêt et du territoire. Bien que les trames politico-administrative et littéraire semblent en apparence éloignées, celles-ci se rencontrent dans la première moitié du XXe siècle pour témoigner de la production discursive d’une frange de la société québécoise motivée à poser les bases d’une « mentalité forestière » à son image. -- Mot(s) clé(s) en français : forêt ; Québec ; représentations ; discours ; territoire ; politique publique; littérature ; presse écrite ; identité. -- ABSTRACT: In favor of a clerico-nationalist ideology with an agricultural and terrestrial focus, various works since the 1970s up until the 2000s, have indicated a lack of, and even the rejection of, the forest in the Québécois collective psyche. However, carving out their place in the public sphere at the outset of the 21st century, the debates on deforestation and on the reform of forest policies propelled to the forefront the issues of the representations, and in particular, the importance of historical referents as a common identity source. Emerging from a history punctuated by the exploitation of the forests and from a daily life shaped by being in close contact with this resource, the Québécois sense of identity with the forest materialized. In turn, bringing Québécois society to be described as a “forest nation”. Our thesis demonstrates that these identity referents to the forest are based on the crystallization of the representations that took shape and spread in the first half of the 20th century. In a quest to better understand these representations and their implementation, we considered a definition derived from a process of subjectification and an interpretation of the world, underpinning the major players in defining and reclaiming their identity. In order to observe the struggles between individual agents and collectives attempting to appropriate the territory and to identify themselves and the community, the forest came to be a starting source and the representations referents and mediation tools of the underlying social ties to the forest. More precisely, we studied the scientific, economic and cultural representations of the Québécois forests disseminated by the elite in the public domain.
By overlaying legislative materials, literary works and print media, we have taken a multi-pronged look of the forest and have examined the process by which Québécois society has appropriated the forest. Our thesis unfolds a narrative divided into three pivotal time periods in forest policies: 1905-1906, with the creation of the Minister of Lands and Forests (MLF); 1921-1922, with the enactment of a first legislation containing the regulations supporting the implementation of forest inventories and forest management; and 1937-1938, marking the end of an era with the departure of Gustave-Clodmir Piché, Head of Forest Service since its inception. The narrative unveiled by these three critical moments, makes it possible for us to better grasp the issues from which forest referents and their implementation stem from: the exploration of the territory, the classification and the division of the lands between the forestry and agricultural industries, and the intention to carry out a rational management of the forests. Implicitly, through the intricate work of adapting the European forestry scientific principles and the American Conservation Movement to that of the Québécois reality, we are able to witness the development of a vision of the Québécois forest that can be characterized as “pichéiste”. Juxtaposed to this political-administrative time frame, we considered literary works with distinctive characteristics influenced by the changes in the literary and cultural environments. Unless to glorify the pioneer-settler’s life or to folklorize “coureur des bois” and logger figures, the forest was a rare occurrence in literary works at the end of the 19th century.
Following an endeavor by a number of writers between 1900 and 1930, to incorporate the basic issues associated with the development of forestry exploitation: industrialization, the advancement of the sciences and the emergence of sensitivities to the natural world, we observe an emancipation of the forest in literary works from 1930 to 1945. It is not so much by the quantity of literary works addressing the forest, by which we can measure the presence of the forest in literary works, but more by the quality and by the diversification of forestry realities that the works disclose. These works bring to the forefront the collective and multidimensional nature of forest and territorial symbolic appropriation. Although it may seem on the surface that there is a large gap between political-administrative and literary backgrounds, they do cross roads in the first half of the 20th century bearing witness to the discursive production of a fringe of Québécois society motivated to lay the foundation of a “forest mentality” faithful to its image. -- Mot(s) clé(s) en anglais : forest ; Québec ; representations ; discourse ; territory ; public policy; litterature ; print media; indentity.

Type de document : Thèse ou mémoire de l'UQAR (Thèse)
Directeur(trice) de mémoire/thèse : Lewis, Nathalie
Co-directeur(s) ou co-directrice(s) de mémoire/thèse : Dard, Olivier
Information complémentaire : Thèse présentée dans le cadre du programme de doctorat en développement régional en vue de l'obtention du grade de Philosophea Doctor (Ph.D.) en cotutelle en histoire moderne et contemporaine à l'Université Paris-Sorbonne.
Mots-clés : Foret Representation Litterature Roman Journal Journaux Presse Influence Loi Legislation Politique Identite Quebec
Départements et unités départementales : Département sociétés, territoires et développement > Développement régional
Déposé par : DIUQAR UQAR
Date de dépôt : 20 févr. 2018 18:10
Dernière modification : 20 févr. 2018 18:10
URI : https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1313

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