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Les jeunes adultes migrants de retour, un potentiel pour le développement de leur région d'origine

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Potvin, Dominique (2006). Les jeunes adultes migrants de retour, un potentiel pour le développement de leur région d'origine. Thèse. Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski, Département sociétés, territoires et développement, 326 p.

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Résumé

La migration interrégionale est importante pour le Québec, car elle représente la
majeure partie des changements populationnels des régions du Québec. Cette migration
interne constitue le plus important bassin de migration de sa population, bien avant la
migration provenant du Canada et la migration internationale. Mais, pour les régions dites
éloignées des grands centres urbains, le bilan migratoire est négatif, car il y a plus de
personnes qui quittent leurs régions que de personnes qui y reviennent. Cependant, l'étude
des bilans migratoires ne permet pas de rendre compte des trajectoires empruntées par les
migrants ni des caractéristiques de ces individus qui se déplacent sur le territoire québécois.
De plus, la mobilité des individus est perçue comme une dynamique pouvant mettre en
péril le développement socio-économique des communautés touchées et même de régions
tout entières. Mais du point de vue des jeunes adultes qui partent, il semble plutôt que la
migration serait le reflet d'un cheminement favorisant leur intégration sociale dans la
société. De plus, leurs déplacements ne se limitent pas uniquement à un aller simple pour
Montréal ou Québec, mais peuvent aussi vouloir dire de multiples déplacements et même
un retour dans leur région ou dans leur municipalité d'origine.
Dans le cadre de cette thèse, nous avons examiné, à travers la réalisation de trois
articles, comment la possible réintégration des jeunes adultes migrants en régions
périphériques peut devenir un atout dans le développement de ces régions. L'examen de la
mobilité des jeunes adultes sur le territoire permet de voir la réalité migratoire régionale
moins négativement que ne le laissent entrevoir la plupart des études uniquement centrées
sur les départs. Nous soutenons dans cette thèse que les jeunes adultes migrants peuvent
aussi être considérés comme des acteurs de développement pour leur région d'origine et
non seulement comme des pertes nettes. Cette approche globale de recherche et de
perception de la migration permet également de réaliser que le processus d' intégration
socio-économique des jeunes à la société québécoise peut également transiter par une
trajectoire de retour dans leur milieu d'origine. Cette recherche montre qu'à l'intérieur des
stratégies d'intégration sociale et économique des jeunes adultes migrants, ceux-ci peuvent
devenir des acteurs impliqués dans le développement de leurs régions.
Comme la question de la migration de retour fut peu traitée par les chercheurs du
Québec, les deux premiers articles: « Réversibilité du parcours migratoire et contexte
régional » et « La migration interrégionale des jeunes au Québec: des parcours différenciés
selon le lieu d'origine » présentent une démarche exploratoire de la migration des jeunes
adultes. Ces articles dressent un portrait général des constituantes de la migration des
jeunes adultes québécois pour nous permettre de mieux connaître et de comprendre la
migration des jeunes adultes du Québec et de cerner certaines caractéristiques de la
migration de retour. Le troisième article: « Les jeunes adultes migrants de retour: une
vitalité pour les régions » s'attarde davantage sur certaines caractéristiques individuelles
des jeunes adultes migrants de retour en comparaison des jeunes adultes non-migrants.
Les données utilisées pour la réalisation de tous les articles furent recueillies par la
réalisation de deux enquêtes élaborées par le Groupe de recherche sur la migration des
jeunes: une qualitative et l'autre quantitative. La première enquête, réalisée en 1996 et
1997, est constituée de 102 entrevues semi-dirigées de jeunes adultes de différentes régions
du Québec. La deuxième enquête a reposé sur l'administration d'un questionnaire
téléphonique à la fin de l'année 1998 et durant l'hiver 1999. La population étudiée était
représentée par toutes les personnes résidant en permanence au Québec, âgées de 20 à
34 ans, pour un échantillon total de 5 518 répondants.
À la lecture des résultats de nos analyses, nous constatons que les raisons de départ
diffèrent des raisons de retour. Les études sont au centre du départ ainsi, qu'une certaine
volonté de construire son identité propre loin des normes de sa famille ou de sa
communauté, alors que les raisons de retour sont majoritairement liées au travail et, dans
une moindre mesure, au désir d'avoir une maison et de fonder une famille dans son milieu
d'origine. Malgré les différences existant entre les raisons de départ et celles de retour, on
constate que certaines raisons sont de même nature. Ainsi, les raisons liées aux études et au
travai1 sont unies entre elles. Les études sont en aval du travail et les deux s'insèrent dans
un processus formel de socialisation, mais aussi dans la volonté des individus de satisfaire
leurs aspirations socio-économiques. Dans un autre registre, on constate que les autres
raisons sont davantage liées aux relations individuelles et communautaires. On quitte pour
couper avec certains types de relations et on revient pour fonder une famille dans un milieu
offrant certaines valeurs ainsi qu'un environnement humain et physique recherché.
Du point de vue de l'origine des jeunes adultes migrants, il existe des différences
entre les types de régions au regard des raisons de départ et des raisons de retour. Ainsi,
pour le départ, accompagner un conjoint est presque aussi important que la poursuite
d'études pour les jeunes adultes migrants des régions métropolitaines. Ceux-ci se
distinguent aussi par le désir d'autonomie en prenant de la distance par rapport aux amis et
à la famille. Les jeunes adultes migrants des régions du 48e se distinguent, quant à eux, par
la recherche d'un environnement offrant une diversité et une abondance de services, de
loisirs et de produits de consommation mais aussi par le désir de trouver de
meilleurs emplois, salaires et conditions de travail. Ils se distinguent aussi, au regard des
raisons de retour. Le souhait de retrouver un mode de vie, des valeurs propres à un milieu,
une proximité avec la nature, une mentalité, etc. , est mis de l'avant par les jeunes adultes
migrants des régions du 48e. L'achat d'une résidence et le désir de fonder une famille dans
un milieu connu sont des raisons de retour que partagent les jeunes adultes migrants des
régions du 48e et des régions intermédiaires.
Québec et Montréal demeurent les destinations migratoires privilégiées par une
majorité de jeunes adultes et cela peu importe leur région d'origine. Même si la plupart des
jeunes adultes migrants se dirigent vers ces grands centres urbains, ces mouvements ne
s'équivalent pas tous. Pour les jeunes adultes migrants des régions du 48e et pour certains
des régions intermédiaires, ces déplacements signifient un éloignement important de leurs
lieux d'origine et une adaptation à un environnement de vie très différent du leur. L'arrivée,
dans le milieu d'accueil, des jeunes adultes migrants de ces deux types de régions est
différente des jeunes adultes migrants des régions métropolitaines. Ces derniers vont
principalement migrer seuls, sinon, ils le font avec leur conjoint ou un membre de leur
famille alors que la migration s'est accomplie avec des amis pour les jeunes adultes
migrants des deux autres régions. Les jeunes adultes migrants métropolitains considéraient
que leur situation financière était bonne à leur arrivée en milieu d'accueil. Leur revenus
provenaient généralement d'un travail. Au contraire, les migrants des régions
intermédiaires et du 48e jugeaient mauvaise leur condition financière. Quant à eux, leurs
revenus provenaient surtout de régime gouvernemental des prêts et bourses.
Plusieurs jeunes adultes migrants conservent envers leur région d'origine un
sentiment d'appartenance. Toutefois, celui-ci variera en fonction du type de région d'où ils
proviennent. Ainsi, le sentiment d'appartenance le plus fort se retrouve chez les migrants
des régions du 48e alors que c'est chez les migrants des régions intermédiaires qu'il est le
plus faible. Les jeunes adultes migrants des régions du 48e justifient leur appartenance en se
référant principalement aux lieux en tant que tels mais aussi à leurs liens familiaux et
d'amitié. Il semble concrètement que ce sentiment d'appartenance supérieur des jeunes
adultes migrants de retour des régions du 48e se répercute aussi sur leur niveau
d'implication sociale. La proportion d'individus se disant impliqués socialement est plus
importante chez les jeunes adultes migrants des régions du 48e que chez ceux des
régions intermédiaires et métropolitaines.
C'est chez les jeunes adultes migrants de retour que l'on retrouve une plus grande
proportion d'individus disant s'impliquer socialement. Être un jeune adulte migrant de
retour est un gage d'implication sociale plus important que n'importe lequel des autres
jeunes adultes peu importe leur région d'origine ou leur statut de migrant ou non. Si on les
compare uniquement avec les jeunes adultes des régions du 48e qui n'ont jamais migré, on
constate que les jeunes adultes migrants de retour sont plus intéressés au futur de leur
région d'origine, qu'ils pensent dans une plus forte proportion pouvoir améliorer la société
et qu'ils ont lancé dans une plus grande proportion des projets, et cela, peu importe le
domaine d'application: social, économique, sportif, etc.
Il semble bien que le fait de provenir d'une des régions du 48e et le fait d'avoir migré
et d'être revenu soient déterminants quant au développement de relations d'appartenance et
d'engagement dans son milieu d'origine. Ainsi, les jeunes adultes migrants de retour des
régions du 48e, à travers leur processus d'intégration sociale et économique dans la société,
apparaissent être la catégorie d'individus ayant le plus de potentiel d'investissement
personnel pour le développement de leur milieu. On pourrait même dire qu'ils sont devenus
des acteurs dynamiques impliqués dans leur milieu, car ils y voient des possibilités réelles
de construire un environnement de vie enrichissant pour eux et leur famille actuelle ou à venir.
Cette recherche contribue à une meilleure compréhension des dynamiques
migratoires des jeunes adultes sur le territoire québécois ainsi que sur leurs impacts positifs
dans leurs communautés et leurs régions. En fait, la migration n'est pas que déplacement
linéaire, elle est réversible et la forte proportion de retours dans les régions du 48e le
confirme. On peut s'appuyer sur notre recherche pour favoriser la mise en place de
stratégies de développement tenant compte de la contribution potentielle et unique que ces
migrants de retour peuvent éventuellement procurer aux régions. Elle ouvre la voie à la
réalisation d'interventions dynamiques et positives, adaptées aux régions, au regard de la
migration des jeunes adultes tout en tenant compte du processus « d'entrée dans la vie
adulte » qu'ils vivent. L'État québécois devrait favoriser, par diverses mesures, le retour
d'un plus grand nombre de migrants interrégionaux dans les régions non métropolitaines.
Ces jeunes adultes migrants apparaissent être un groupe de citoyens ayant à coeur l'avenir
de leur région d'origine et ils semblent disposés à s'investir dans le mieux-être de leur
collectivité et de leur région. Les décideurs et les intervenants socio-économiques
régionaux doivent viser à rendre encore plus attractives les régions, et cela, sans mettre
uniquement l'accent sur des actions de rétention des jeunes adultes. Ce dernier type
d'actions se traduit d'ailleurs trop souvent par une perspective de fermeture du milieu sur
lui-même. En misant sur le développement d'un sentiment d'appartenance positif, c'est-àdire
l'approfondissement des liens sociaux et territoriaux des individus envers leur milieu
d'origine, il est possible de rendre les régions plus attrayantes à tous les points de vue pour
eux.
Si le fait d'avoir un sentiment d'appartenance positif ou une forte identité régionale
favorise l'intérêt, l'engagement et l'action des individus envers leur milieu de vie, alors
travailler avec ces migrants de retour c'est travailler avec une catégorie d'individus ayant
une plus-value quant à la détention de ce sentiment d'appartenance régional positif.

Type de document : Thèse ou mémoire de l'UQAR (Thèse)
Directeur(trice) de mémoire/thèse : Côté, Serge
Co-directeur(s) ou co-directrice(s) de mémoire/thèse : Boisjoli, Johanne
Information complémentaire : Thèse présentée à l'Université du Québec à Rimouski comme exigence partielle du programme de doctorat en développement régional. Parait aussi en éd. imprimée.
Mots-clés : Quebec Province Region Peripherique Migration Interne Reintegration Revitalisation Developpement Regional Retour Jeune Migrant Adulte Mouvement Mobilite Population Interregional
Départements et unités départementales : Département sociétés, territoires et développement > Développement régional
Déposé par : DIUQAR UQAR
Date de dépôt : 31 janv. 2011 20:02
Dernière modification : 31 janv. 2011 20:54
URI : https://semaphore.uqar.ca/id/eprint/227

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